Mon expérience de maman:
Depuis des années on nous explique que les personnes avec autisme pensent d’une manière différente mais nous leur fournissons toujours des outils construits à partir de notre façon propre d’apprendre. Ces outils pour en avoir beaucoup regardé, souvent accompagnée de personnes avec autisme, contiennent souvent des informations ou des consignes implicites, que nous ne parvenons pas à voir parce que nous, nous pensons autrement.
Et ce que j’ai appris au contact des familles, c’est qu’il faut tout essayer, ne jamais baisser les bras et croire en leurs possibilités même si elles ne sont pas sur le chemin que nous avons l’habitude de suivre.
Ce que j’ai compris sur le terrain:
Depuis notre enfance nous pensons à travers le langage parlé et le challenge que nous donnent des personnes avec autisme avec ou sans langage fonctionnel c’est de baser leur apprentissage sur l’observation et la consigne non verbale.
Mais une consigne non verbale qu’est ce que c’est ? Tout le challenge se trouve dans la capacité des concepteurs d’outils à exclure notre propre logique pour ne se focaliser que sur une logique visuelle d’apprentissage plus accessible au plus grand nombre.
Dans le cadre de ma profession:
En tant que consultante et formatrice en autisme mais surtout et avant tout, maman d’un enfant qui fut non verbal, j’ai du de nombreuses fois transformer le matériel que je trouvais parce qu’il contenait trop d’implicite et que je constatais bien que mon fils (ou les enfants des familles ou j’intervenais en guidance),même si on avait l’impression qu’ils comprenaient, étaient en échec avec notre système d’apprentissage à nous.
Quand j’interviens en formation de personnes au sujet des publics autistes, je crois que le premier conseil que je donne, c’est: « Parlez moins » , bien sur il ne s’agit pas d’exclure le langage parlé mais nous avons tous cette fâcheuse tendance à être très bavards et à ajouter beaucoup de mots superflus quand on souhaite leur en apprendre un.
La découverte de Sema-tic:
Quand on m’a présenté Sema-tic, j’avoue avoir été surprise. L’interface était très simple, exactement adaptée à ce que les personnes autistes m’avaient expliqué, regrettant souvent que des choses superflues « pour faire joli » parasitent leur apprentissage.
Mais surtout en enlevant le son et en regardant les exercices il était évident qu’une logique visuelle avait été privilégiée en excluant complètement l’emploi du langage parlé tout en offrant la possibilité de l’utiliser ou pas.
L’innovation de l’équipe qui a crée Sema-tic à été de proposer « une autre façon d’apprendre » qui certes parfois nous laisse perplexe, mais qui reconnaissons le, donne des résultats.
Cet article est donc mon témoignage sur tout le bien que je pense de la démarche entreprise par le CRA de Nice et MoultiPass : vouloir construire des outils différents qui pourront ouvrir les portes des apprentissages comme la lecture à des profils sévères, souvent non verbaux même adultes , pour qui l’on avait souvent abandonné tout espoir de les faire entrer dans ces apprentissages la .
Et quand nous voyons les immenses progrès de la technologie, on se dit que leur facilité l’accès au langage écrit est une formidable opportunité pour leur future autonomie personnelle.
Nathalie Leca